Chapitre Cinq : Cathy écrit pour de vrai !

“Je pose” : les scènes ; “Je retiens” : de la passion. Cathy était couchée sur cette opération comme sur un lit de cauchemars. Elle s’y tournait et retournait, tandis que Mme Lilie patientait à la porte de cette scène fantasque.

Elle retourna à la fac où Melle Lilie donnait ses cours de préparation à l’Agrég. Celle-ci fut bouleversée de joie à la vue de Cathy : ne devait-elle plus venir à «sa» fac désormais et suivre les cours de La Sorbonne ? Cathy, sans commentaire, lui tendit quelques feuilles sur lesquelles on pouvait lire les quatre petites proses suivantes :

***********************************************************************************

DEUX POIDS DEUX MESURES

"- J’ai une grande force d’inertie", se vantait-elle. “- Ton ami Pierrot a plus d’une plume pour écrire un mot”, fit-il sur un ton léger. Le temps passa. Ils ne se virent pas. Plume et plomb s’accumulaient à l’aune du silence. Ah certes, ce fut juge fort équitable que ce silence. Et le temps passa encore, y allant des deux plateaux de sa balance. Certains de leurs amis se méprirent et estimèrent que la course de cet amour contre le temps était comparable à celle du lièvre et de la tortue. Pour eux, la course avait lieu à contre-temps, pas dans le temps et encore moins dans les temps. Elle, de toute sa force d’inertie, ne s’y méprenait pas. Pour lui aussi, ces temps morts commençaient à peser sérieusement. Ils étaient lourds comme autant de plumes car bien sûr, plume après plume, il écrivait. Au fil du temps, les plumes s’accumulaient. Souvent, son coeur s’envolait avec sa plume. On se dit qu’il y a là, objectivement, deux poids deux mesures. C’est bien de cette oreille-là que les deux l’entendaient, d’ailleurs. Jusqu’à ce que cette phrase toute bête leur vienne à l’esprit : qu’est-ce qui pèse le plus lourd : un kg. de plumes ou un kg. de plomb ? Force leur fut de reconnaître que cette question avait vécu en eux. Désormais ils étaient libres d’en vivre la réponse. La vivre. C’est-à-dire. Si on ne rattrape plus le temps perdu, il se peut que lui vous rattrape, vous serrant dans ses bras : un de plume, un de plomb. Elle avait d’abord pensé que ce serait bien si sa grande force d’inertie lui pesait aussi lourd qu’une plume - elle lui était depuis longtemps devenue de plomb. Il avait rêvé d’avoir une plume en plomb car les paroles, ça s’envole. Partis à rêver ainsi, l’un se figeait tandis que l’autre se volatilisait. Qu’est-ce qui pèse le plus lourd : un kg. de plumes ou un kg. de plomb ? Aussi longtemps qu’ils agitèrent ces pensées - comme une volée de plumes ou comme une chape de plomb, selon le cas - ils furent quantité négligeable l’un pour l’autre. Ensuite ils voulurent se mesurer. C’est-à-dire qu’elle voulut, de tout le plomb de sa force d’inertie, lui voler dans les plumes. Échec. Pour l’impressionner, il voulut rendre sa plume plus légère que l’air. Elle le jugea inconsistant. Mais bientôt, force leur fut de constater qu’ils ne pouvaient pas se lancer à corps perdu dans ces lubies. Il lui fallait traverser un monde de plumes avant d’entreprendre quoi que ce soit vis-à-vis d’elle. Dieu que toutes ces plumes étaient encombrantes ! Asthme, etc. Pour elle, tout mouvement vers lui représentait une véritable épreuve de force avec elle-même. Ils réalisèrent bientôt que leurs deux points forts-faibles réunis pouvaient leur être, à l’un comme à l’autre, un point d’équilibre. Et de ce point d’équilibre, ils purent vérifier que les deux plateaux de la balance pesaient un même poids, un point c’est tout. Qu’est-ce qui pèse le plus lourd (etc.) : il n’y avait vraiment pas de quoi en faire une histoire !


Petit conte du milieu qui n’en finit pas de commencer

Prenez un début, une fin. Placez-vous entre les deux. Avancez. Bon, vous voyez, cette sorte de milieu vous suit, que vous vous dirigiez vers le début ou vers la fin. Une autre personne vous a suivi. A fait la même chose. Mais ce sur-place essoufflant- ce Milieu qui vous suit comme une ombre ! - l’agace bientôt. Il lui faut ce Début-ci ou cette Fin-là, mais ne plus traîner ce Milieu de l’un à l’autre. Elle se dirige donc vers la Fin. Mais se trouve au beau milieu de l’autre. Impossible de sortir. Elle essaie l’autre issue, le Début. Mais la perspective de tout recommencer la décourage : avec ce Milieu à ses trousses ! Elle regarde l’autre personne qui est auréolée de ce Milieu auquel elle-même ne souhaite qu’une chose : un début ou une fin. Elle regarde l’autre plus précisément et une pensée l’effleure : c’est vrai que cette autre personne lui ressemble. Cette même pensée a effleuré l’autre aussi. Pensée vite chassée. La suivante pourrait être : les échecs, c’est un jeu de réussite, non ? Chacune de ces deux personnes songe qu’il faut un gagnant et un perdant. Mais dans cette situation, elles découvrent bien vite qu’en luttant, les deux milieux s’essoufflent dans l’inertie. Pire : le milieu devient l’obsession, l’entrée et la sortie disparaissent. On ne pense plus qu’à entrer ou à sortir, ce qui revient, dans ce cas, à ne plus penser qu’au milieu Il est curieux que ces deux personnes au milieu n’aient pas réussi à se rapprocher. Ah, mais c’est qu’elles se croyaient diamétralement opposées. Il suffisait que l’une dise noir pour que l’autre dise blanc. Et chacune restait plantée là, au beau milieu de sa fuite vers Début ou Fin. L’une se faisait caméléon dans ce Milieu ; l’autre essayait d’en forcer les frontières par tous les moyens, vivant inconfortablement à l’extrême bord du Milieu. Mais il n’était pas davantage commode d’être caméléon : ce dernier n’est pas libre de ses couleurs. Et si les couleurs manquent à vos mots, vous risquez de lasser l’autre, de le pousser à bout. En d’autres termes, ces deux personnes se parlaient au beau milieu de leur entêtement. L’une voulait profiter de ce que l’autre s’était fait à ce point le caméléon de son Milieu qu’elle n’était plus visible nulle part. “Le champ est libre !”, se disait-elle - et se préparait à partir en rasant les murs du Milieu. L’autre entendait bien profiter de ce que l’une fût si souvent en marge de son Milieu, ce qui laissait un large passage au caméléon pouvant partir la tête haute et entouré de son Milieu en tenue de camouflage. Mais voilà : maintenant que ces deux personnes étaient libres, ni l’une ni l’autre ne bougeaient. Elles se trouvaient libres de s’observer. S’observaient librement. Milieu, début, fin n’étaient plus seuls, ils racontaient désormais une histoire. Mais ceci, c’est déjà la fin du conte. Le conte ne dit pas où on en est de l’histoire. Ainsi, si vous voulez rentrer dans celle-ci, prenez un début, une fin. Placez-vous entre les deux, c’est-à-dire là où la fin du conte vous trouve. Et avancez-vous dans cette histoire, là où le temps n’est plus haut perché dans les nuées, mais sur la route qu’il chauffe, mouille, glace. Ce chemin n’est ni fabuleusement simple ni fabuleusement compliqué : c’est une histoire. Vous n’y avancerez pas comme sur des nuées ou en songeant à cette route que vous avez laissé, haut perchée dans les nuages.


L’artiste n’est pas dans la note

Il vous jouerait bien quelques mots à votre portée, or voilà que ces mots sont encore là, à même le sol, sans leur clé. Il y a de quoi s’emporter : l’artiste n’est pas dans la note !
C’est qu’en fait, il a tellement peur de faire une fausse note qu’il ne souffle mot. Il broie du noir, c’est-à-dire qu’il confond les blanches avec les blancs. Ce qu’il écrit sur sa portée, il doute que ce soit à la nôtre, de portée. Le voilà qui s’impatiente, s’énerve : “Que le diable l’emporte !”, s’exclame-t-il en pensant au public qui l’attend au tournant. Pour finir, il prend une décision : c’est réglé comme du papier à musique, il tourne la page.
C’est alors que son regard tombe sur une autre portée - sans notes, celle-ci - et qu’il se retrouve face au public l’attendant au tournant. “- Faisons abstraction de ce public, de cette oasis de la renommée en plein désert et regardons les choses en face”, se dit-il. Il les regarda en spectateur. Ses qualités, il les projetait dans le regard du public qui, à son tour, se changeait en autant d’artistes : des acrobates, des comédiens, des bouffons, des hommes-orchestre…
C’était comme si on avait retourné un sablier.
“Jamais je n’aurais imaginé que le public fût si versé dans les arts !”, se surprit-il à penser. C’était un bien singulier collectif que ce public ! En même temps, tout ceci était un peu vexant : il se voyait doublé, éprouvait un pénible effritement de sa personne. La réalité du public dépassait, ensevelissait la fiction de l’artiste devenu spectateur parce qu’il voulait voir les choses en face. Il allait finir noyé dans les talents et singularités de cette foule dont il était devenu l’artiste sans qualités.
Il se dit à ce moment-là qu’il était temps d’opérer un retournement. Ah, il n’était pas dans la note ? Eh bien, il allait se mettre à la page. Il s’attela à sa portée - celle de la page qu’il avait tournée. C’est ainsi qu’un attelage passa à portée de l’artiste qui opportunément saisit l’occasion. Car inutile de l’aborder sous des faux airs, le public : c’est qu’il connaît la chanson !
Et au fait, que vient-il faire dans l’histoire, le sablier ? C’est un instrument de musique fictif, servant à unir l’air et la chanson dans le temps.



Unis pour le meilleur et pour le pire

Le mariage entre Religion et Etat fut célébré à l’église comme il se doit. Religion prit le voile en même temps qu’on lui passait au doigt l’anneau nuptial.
Quelque temps après cette extraordinaire cérémonie, tous se posaient la question : comment le couple allait-il ? Pas facile de le savoir : c’était un secret d’Etat. Quant à Religion, elle parlait de son mariage en termes voilés. Mais des proches du gouvernement affirmaient qu’Etat ne se voilait pas la face devant certains agissements de sa femme - agissements qu’il considérait comme pas très catholiques. Il décréta qu’au cas où sa femme le tromperait, il en ferait une affaire personnelle, c’est-à-dire une affaire d’Etat. Déjà, il ne savait plus très bien où il en était ! Il avertit Religion qu’en ce cas, il aurait droit d’ingérence. L’épouse accueillit ces propos avec une philosophie toute libérale : “Laisser passer, laisser faire, laisser agir”, songeait-elle, se remémorant la petite phrase lancée par un humoriste à ce sujet : “Jésus crie et la caravane passe !”
La vérité est que ce n’était pas un mariage platonique ! Ça, c’était pour la petite mythologie inventée par les journaux à sensation. (Paradoxale, cette appellation, en l’occurrence). Etat était magnétisé par Religion, par son aura - et il n’en était pas à prendre cette aura pour une auréole ! C’était avec un plaisir sans mélange qu’il entrait en Religion. Cette dernière se félicitait que son mari n’ait pas le culte de la raison. Bien sûr, beaucoup chuchotaient que c’était un mariage de raison d’Etat - et de stigmatiser ces manigances : “Encore un coup d’Etat !”
Mais la presse à sensation ne lâchait pas le morceau : de Religion, elle allait faire une légende. Or tant qu’elle parlait légende, Religion parlait parabole. Ce n’était pas tout à fait la même chose ! Les journalistes étaient d’autant plus frustrés que pour eux, théoriquement, ce couple, c’était du pain béni : si l’épouse était trompée, on en ferait une sainte ; si elle s’avisait de jouer les Marie-Madeleine (avant le repentir) et se retrouvait face à de lapidaires accusateurs, eh bien, cela promettait des rebondissements : des accusations la cernant, Religion se ferait une auréole, quant au tribunal lapidaire, il lui ferait revivre sa Passion. Bref, les médias avaient ces deux-là en odeur de sainteté. Mais le mari comprit par là qu’ils flairaient déjà la sainte, la femme bafouée, trompée, trahie. Le gouvernement censura la presse pour trahison d’Etat. Il faut dire qu’Etat devenait fanatique. Au gouvernement, on ne tarda pas à lui reprocher ce qu’on appelait sa confusion entre vie professionnelle et vie privée. Etat, le fanatique, allégua que son épouse était devenue un tyran (domestique). Le torchon brûlait. Les médias écrivirent que le Saint-Suaire brûlait, mais c’est à peine s’ils en eurent le temps, car Etat les livra au bûcher des vanités.

Ces temps troubles rappelaient étrangement la période de l’Inquisition… D’ailleurs, ce tribunal religieux, institué par la papauté, se manifesta au 18ème siècle en Espagne sous une forme politique… On parlait indifféremment d’hérésie ou de remaniement ministériel, les deux termes étant strictement synonymes : un hérétique n’était-il pas un ministre remanié ? “Manipulé”, corrigeraient journalistes et écrivains d’aujourd’hui. Mais ils pouvaient tout aussi bien faire une croix sur leurs mots car Religion, l’épouse d’Etat, veillait… Pour elle, remplir son devoir conjugal, c’était sacré. Les fidèles devaient se faire une raison. Voilà que Religion, elle aussi, télescopait vie privée et vie professionnelle, faisant ainsi, à son tour, de nombreuses victimes. Mais ainsi prêchait-elle, inlassablement.
“- Pour sa chapelle !”, rétorquaient ceux-là même, journalistes et écrivains, sur lesquels Religion avait fait une croix. On les appelait “Les Croisés” dans les chansons populaires. C’était vraiment le Moyen-Âge ! Et tandis qu”Etat et Religion buvaient mutuellement leurs paroles, la population trinquait ! C’était sans doute dans le but de perpétuer le souvenir de ces mémorables noces que la vie quotidienne devait se dérouler ainsi.
Alors les Croisés tinrent conseil. Ils se dirent que pour conjurer les liens sacrés du mariage, on pouvait toujours divorcer (c’étaient des Croisés d’avant-garde !), mais pour conjurer les liens politiques du mariage, il fallait une nouvelle conjuration. Ils partirent donc en guerre mais là encore, une autre embûche les attendait : ils ne faisaient pas l’unanimité, loin de là ! Les sceptiques ne manquaient pas : “- Ouais, c’est encore une guerre de Religion !”, dirent ceux qui ne voulaient pas s’en laisser conter. C’étaient les mêmes qui avaient dit, auparavant : “- Encore un coup d’Etat !” Les croisés organisèrent une nouvelle table ronde pour se dire que ces sceptiques n’étaient que d’opportunistes caméléons : ni chair, ni poisson - tout comme ce mariage, en somme. Ces croisés d’avant-garde n’avaient jamais confondu remaniement ministériel et hérésie, pas plus qu’ils ne confondaient à présent divorce et conjuration. Mais d’autres n’y voyaient que du feu (cf. Le bûcher des vanités) et restaient dans leur badauderie, tandis que nos croisés d’avant-garde, eux, allaient au feu. Avec Etat qui a la religion du pouvoir et avec son épouse lancée dans une chasse aux sorcières, allez savoir qui est qui ! “- C’est à y perdre son latin !” ; “- Dieu reconnaîtra les siens !”, commentait-on la situation. Et Religion de prêcher inlassablement : “- Donnez à Etat ! Dieu vous le rendra !”. La population traduisait par : “- Donnez à Dieu ! Etat vous le fera payer !”. A ces mots, les fidèles décidèrent d’entrer dans la clandestinité : il devenait dangereux d’aller à la messe, de prier en public, d’afficher sa foi au sein d’une communauté. Voyant s’approcher Le Jugement Dernier d’Etat, ils se mirent à prier clandestinement pour que le Jugement Dernier s’éloigne ! Certains fidèles, décidant de porter leur croix tout au long de ce calvaire, tombèrent à plusieurs reprises. A bout de chute, ils finirent par faire une croix sur leur calvaire ! Au vu de ce dernier évènement, les deux époux réagirent différemment : Etat s’en lavait les mains, tandis que Religion, hystérique, revivait la Passion… à sa manière ! Car dans son hystérie, elle criait à Etat :
“- Livre-les moi, ces gens qui font une croix sur leur calvaire !” A cet instant, elle eut un vague malaise, comme quelqu’un qui se trouve à côté de ses pompes. C’est que ces gens, elle était sur le point de les martyriser ! Elle s’était bêtement laissée emporter par la passion du public assistant au jugement du Christ par Ponce- Pilate. Elle s’était trompée de Passion !

Depuis, on raconte que la diablesse s’est fait ermite et qu’elle prêche (dans le désert, d’ailleurs), qu’elle prêche inlassablement, insolite Saint Jean-Baptiste. Ce qu’elle dit ?

“- Donnez-vous à Etat ! Dieu vous le fera payer !”


**********************************************************************************


Cathy n’eut aucune réponse de Melle Lilie. Elle sut seulement que les accès d’extinction de voix affectaient l’enseignante de plus en plus fréquemment et que la qualité de ses cours (qui était à juste titre réputée excellente) baissait brusquement de manière inquiétante. Qu’allaient dire les étudiants face au jury de l’Agrégation ?

Cathy se revoyait traversant les couloirs à l’université comme un fantôme ou comme une poule qui court, court en traversant une route, pour ne pas se faire écraser. Si elle sentait posé sur elle le regard de Melle Lilie, elle se retournait instinctivement, localisant infailliblement la provenance de ce regard. Il était arrivé que Cathy, se trouvant à un pas de Melle Lilie, ne soit pas même repérée par celle-ci toute occupée à fermer une porte ou à chercher un numéro de salle. Sa démarche fascinait Cathy. Femme aux formes généreuses, elle avait la ligne des hanches estompées par une taille peu marquée ; un style très classique, les cheveux courts tirés en arrière de manière à donner du volume au sommet - volume allant en mourant en dégradé sur la nuque - , quelques cheveux blancs (elle avait environ quarante-cinq ans), le rire bref, un peu saccadé, la nuque un peu rétractée quand elle riait, elle allait, les chevilles assez raides, faisant sonner chaque pas, sans lancer de regards inutiles et les échos résonnant (Cathy comprenait “raisonnant”) semblaient signifier que les pas travaillaient effectivement à leur but. Cathy et Melle Lilie ne pouvaient traverser les couloirs de l’université sans se perdre de vue (“Où est-elle encore passée ?”, se demandait Melle Lilie agacée) ou se télescoper. Cathy s’arrêtait brusquement lorsqu’elle repérait des affiches sur quelque pièce de théâtre aux Amandiers. Elle suivait Melle Lilie en se fiant à l’écho de ses pas, préférant attendre qu’elle ait déjà pratiquement atteint l’autre bout du couloir tandis que de son côté Cathy était occupée à observer un dessin, une affiche, à rêver devant l’annonce d’une pièce de théâtre, pour la rejoindre en quelques enjambées silencieuses et venir “se poser” devant elle sans qu’elle sache d’où son étudiante venait. Invariablement elle s’exclamait, légèrement ironique : “Tiens !”, “Un revenant”, aurait-elle pu ajouter. Car Cathy confondait cours et traversée en solitaire, partant au large des mots des cours de Melle Lilie, prenant le large à bord de ses mots à elle. “La Babel de la citation ; la citation de Babel”, avait écrit Cathy.

Aucun commentaire: